Cantique chromatique

Cher·ère lect.eur.rice,
je crois que peu de choses sont vraiment évidentes à mon esprit quand il est temps d’aborder la question spirituelle, si ce ne sont les idées de l’Amour, de l’essence de l’être au monde, de ma propre finitude, et de l’insoutenable simplicité qu’elles semblent demander pour être traversées, tant la peur de cette question m’a poussé à emprunter des chemins à contretemps, me réfugiant souvent dans l’absurde.
Ce petit livre à l’unité plurielle et colorée a été inspiré à deux souffles de cœur par la réalisation de notre amitié avec Martin. Nous qui avons noyé ensemble nos chagrins amoureux et les vicissitudes de l’existence, communes et reconnues mutuellement réciproques, en communiant ici ou là, en frères.
« Sois-en certain, tu vas mourir. » C’est comme cela qu’il m’a parlé dans les premiers moments de notre rencontre, puis durant huit ans ; non pas que j’en eus été dupe auparavant ni pendant ; mais il n’a eu de cesse de me le rappeler (sans doute aussi à lui-même) comme l’on rappelle une chose simplement vraie et définitive, et donc inaliénablement essentielle. Un grand vide, qu’il a bien fallu remplir, et qu’est-ce autre chose que la poésie : se faire présent à un supposé au-delà et remplir ce silence pour le rendre un temps supportable.
Alors nous avons bu, chanté, et la couleur, et ce qui nous semblaient de la lumière et notre fraternité.
Avec les sentiments de ma plus profonde humilité, je lui dédie ces sculptures de mots, qui j’espère trouveront de quoi écluser à une parabole universelle.
« Le début du soulèvement, c’est de braver la lune, en aller au-devant, dans les bras mêmes mal-en-point d’une illusion se sachant fugitive et inamissible. »
Et surtout, soyons-en plein.
Anthony Bruguier-Jourdan